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 Le Rodéo

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MessageSujet: Le Rodéo   Le Rodéo EmptyJeu 20 Déc - 21:26

Le rodeo, sport des cow-boys

Les premiers grands élevages des Etats-Unis furent ceux des missions espagnoles. La terre était là, libre, inculte, riche : il suffisait de lâcher quelques bestiaux à l'endroit propice pour avoir, quelques années plus tard, un grand troupeau. Bien sur, les indiens restés sauvages (peut-être vaudrait-il mieux dire indépendants !), en prélevaient quelques têtes que les lanciers ne parvenaient pas à retrouver, mais la Nature était féconde et les herbivores proliféraient à une vitesse étonnante.
La situation devint plus complexe lorsque les soldats, à la fin de leur engagement, reçurent des dons de terre du gouvernement espagnol : il était impossible de mettre en place des clôtures sur des kilomètres et des kilomètres (le fil de fer, si commun aujourd'hui, était alors rare et cher) et, l'eut-on fait qu'elles n'auraient probablement pas résisté à plusieurs milliers de bêtes, lorsque l'orage les affolait.

Ces immenses troupeaux n'avaient guère de débouchés : si, du Texas, on pouvait conduire son bétail sur pied pour en vendre la viande à la Nouvelle-Orléans, on vit en Californie pourrir des milliers de carcasse auxquelles on n'avait prélevé que la graisse, pour en faire des chandelles, et la peau, pour la tourner en cuir. Sans débouchés, ils n'avaient pas de valeur, mais ne coûtaient rien non plus : de l'eau, du soleil, et l'herbe poussait. Les vaqueros tuaient une bête lorsqu'ils avaient faim. Un grizzly aussi, ici ou là. Mais qu'était-ce en comparaison des veaux qui naissaient chaque année ?

Sur la libre pâture (open range), le bétail se mélangeait, comme cela n'était probablement jamais arrivé dans la vieille Europe, où les terres étaient attribuées depuis longtemps, et où les seigneurs trouvaient d'autres possibilités d'investissement que des vaches en surnombre. Lorsque les ranches furent trop proches les uns des autres, chaque propriétaire voulut pouvoir compter ses animaux. La marque au fer rouge, appliquée sur le poil et dans l'épaisseur de la peau, laissait une trace indélébile : elle fut bientôt sur tous les adultes. Restait, chaque printemps, le problème des petits.

Pendant les premiers mois, l'enfant et sa mère se retrouvent toujours, par la voix et l'odeur. Les vaqueros mirent à profit ce signe de filiation et, avant l'été, les équipes mêlées des ranchos voisins rassemblèrent les bêtes à demi sauvages pour voir s'associer veaux et vaches, et marquer les plus jeunes. Une fois l'animal repéré, il fallait le séparer de sa mère et l'immobiliser, le temps d'appliquer la marque. On attrapait aussi un adulte au lasso, pour le soigner ou le manger et, pour avoir une monture fraîche, il fallait parfois aller la prendre dans une harde à moitié sauvage, et la dresser à supporter un cavalier et obéir à ses impulsions. Lorsqu’arrivèrent les Américains, ils adoptèrent les méthodes employées depuis des siècles par les vachers mexicains.

La seule manière d'arrêter rapidement un troupeau emballé est de le faire tourner en rond. Tourner. En espagnol : rodear ; d'où le mot rodeo ! Les vaches sauvages s'égaient dans le maquis.
En espagnol : chaparral. Pour les chercher sans se blesser aux épines, il faut couvrir ses jambes de cuir : ces sur-culottes s'appellent chaperreros, abrégé en chaps par les Américains. Mustang vint de mesteño, un mot ancien désignant les chevaux sauvages. Il existe toujours au nord du Mexique un " Llano de los Caballos Mesteños ", la Plaine aux Chevaux Sauvages. En même temps que le savoir faire, avec les modifications phonétiques inévitables, le vocabulaire des vaqueros se transmit aux cow-boys, que l'on appelait alors " cow-hands " et parfois " cow-punchers ".

Parfois le cow-boy souffre... parfois c'est l'animal

La ronce artificielle fit son apparition en 1868, mais ne se développa vraiment qu'à partir de 1874. Le train, déjà, allait presque partout. Les grandes exploitations passèrent de la propriété individuelle aux mains de sociétés, où entraient souvent des capitaux étrangers : comptables vis-à-vis des actionnaires, confrontés à une concurrence de plus en plus rude et au vol répété de leurs bêtes, les gérants entourèrent les pacages de barbelé. Le grand rassemblement de printemps, le round-up, aurait pu complètement disparaître. Mais il est dans la nature des hommes de confronter leurs forces, leur volonté et leur ténacité. Ils aiment aussi à maintenir les traditions. Le rodéo survécut à la nécessité de marquer les bêtes. L'urbanisation, la rationalisation et l'exploitation commerciale du sport firent se développer les équipements et de nouvelles épreuves.


Pas un sabot au sol

Le rodéo est l'association d'un cheval et d'un homme, évidente lors d'épreuves où monture et cavalier poursuivent un animal : avec un bon cheval, intelligent et bien entraîné, le cow-boy réussit sans peine à immobiliser son bouvillon. Si sa monture est perturbée, méfiante, encore novice, elle se contentera de courir, sans vraiment aider son maître.


Ce cheval persiste à tourner le dos à l'arène : son cow-boy ratera l'épreuve

La monte des chevaux sauvages est le prélude à cette association : il s'agit d'abord de briser la résistance physique de l'animal, puis de lui faire perdre sa peur de l'inconnu et lui donner confiance en son cavalier. Les Sioux utilisaient deux méthodes conjointes : ils soufflaient dans les naseaux du poulain, pour l'habituer dès sa plus tendre enfance à reconnaître son maître. Puis, lorsqu'il atteignait l'âge d'être monté, ils l'amenaient dans une rivière et, appuyé des deux mains sur son échine, lui apprenaient progressivement à supporter le poids d'un cavalier, atténué par la poussée de l'eau. On ne peut qualifier de dressage les huit secondes pendant lesquelles un cow-boy doit tenir sur un mustang déchaîné : il ne s'agit là que de tester l'habileté de l'homme et la défense du cheval !


]Les corrals[/u]

L'équitation n'est plus très utile dans la vie quotidienne : on voit dans les ranches de plus en plus de véhicules légers, comme des quadricycles, servir pour inspecter les clôtures et même rassembler le bétail. Mais la vieille histoire d'amour entre l'homme et le cheval se perpétue. Il en sera probablement ainsi pour de longues années.
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